Eifelheim (2006)
éd. Le Livre de Poche, 2012
trad. Jean-Daniel Brèque, couv. Getty Images
1348, juste avant que la Peste noire ne ravage l'Europe. Un astronef s'écrase près d'Oberhochwald, dans la Forêt Noire. Le père Dietrich, curé du village, a étudié les sciences et la philosophie à Paris, avant de se réfugier dans cet endroit perdu.
Rien ne l'a préparé à devenir l'intermédiaire entre l'humanité et une espèce intelligente étrangère, des sauterelles humanoïdes, qu'il approche à travers sa culture médiévale.
Et le lecteur découvre peu à peu se qui nous rapproche et ce qui nous sépare de ces formes anciennes de pensée et de celles des étrangers. On pense à Umberto Eco.
Vidée de ses habitants par la peste, Oberhochwald n'a jamais été reconstruite mais a reçu le surnom de Teufelheim (ville du diable), devenu au fil des siècles Eifelheim.
Un grand roman, inattendu, original, en deuxième position pour le prix Hugo 2007.
Roman très dense, Eifelheim nous invite à la confrontation d'espèces parvenues à des stades de développement très différents et propose de narrer ce qu'aurait pu être cette rencontre pour peu que la raison l'ait emporté (d'une courte tête) sur l'effroi.
Avec un intérêt grandissant, nous suivons les interrogations du père Dietrich dont l'étude des sciences et de la philosophie, même à cette époque, lui donne la capacité d'accepter et de tenter de faire accepter ces étrangers à notre monde, à défaut de pleinement les comprendre.
Une seconde histoire, dispersée tout au long de celle-ci et se déroulant à notre époque, nous fait réaliser que les différences peuvent être très importantes du fait de l'éloignement dans le temps. Les notions et la philosophie médiévales éloignent tout autant de nous ceux qui vivaient à cette époque que s'ils étaient étrangers à notre planète. (1)
Un mot sur la couverture de la première édition française tout de même, que l'on peut voir ici. Très décriée par le public et bien des professionnels, (2) on ne pourra pas retirer à Jackie Paternoster (3) l'exploit d'avoir réalisé l'une des plus belles représentations symboliques de la Peste noire, (4) l'un des aspects les plus marquants du roman. Et l'élément le plus terrifiant, le plus étranger et le plus incompréhensible survenu à Oberhochwald, ce qui nous fait une bien belle mise en abîme, ma foi...
(1) J'avoue que je force le trait, mais pas tant que ça, finalement...
(2) Si j'ai bien lu, certains libraires ont même été jusqu'à cacher cette couverture par crainte qu'elle ne repousse d'éventuels acheteurs. J'ai également pu lire qu'elle était probablement l'une des raisons expliquant que ce roman s'était si mal vendu.
(3) L'illustratrice de l'édition en question.
(4) Sans ironie de ma part et en supposant qu'il en existe d'autres.
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