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mercredi 28 octobre 2020

La Fabrique des lendemains

Rich Larson : La Fabrique des lendemains
éd. Le Bélial' et 42 (Ellen Herzfeld et Dominique Martel), 2020
trad. Pierre-Paul Durastanti, couv. Pascal Blanché

Elle décolla du quai pour grimper dans le ciel jaune terne. La Ville s'étirait dans toutes les directions. Surtout le haut. Tours gigantesques multicolores, immeubles résidentiels rotatifs, tunnels célestes qui se dépliaient et se repliaient selon la circulation. Eris s'éleva sans hâte à travers un essaim de drones. Par sa caméra ventrale, elle regardait l'upear couleur argent qui les suivait.
« Les rues basses, j'ai dit. » La voix de l'homme recelait une note d'impatience, désormais. Du code défilait sur ses yeux. Une pellicule de transpiration bordait la naissance de ses cheveux.
« J'ai entendu. » Elle laissa leur poursuivant gagner un peu de terrain. « On ne vomit pas, à l'arrière, d'accord ? »
Rich Larson est né au Niger. Il a vécu aux États-Unis, au Canada et en Espagne, avant de s'installer à Prague. Entre ses débuts en 2011 et aujourd'hui, il a publié un roman et près de deux cents nouvelles, régulièrement reprises dans les plus prestigieux Year's Best du domaine et saluées par plusieurs prix des lecteurs. À tout juste vingt-huit ans, il est le nouveau prodige de la science-fiction anglo-saxonne, le fer de lance d'une SF post-eganienne qui, distillant les temps présents, synthétise le plus vertigineux des futurs.
Sans équivalent en langue anglaise, élaboré avec exigence, La Fabrique des lendemains réunit vingt-huit récits d'une science-fiction proprement éclatante.
Huitième recueil de nouvelles (1) choisies et présentées par l'entité bicéphale Quarante-Deux, (2) La Fabrique des lendemains ne dépare pas ce qui a précédé dans la collection, démontrant une fois de plus qu'il était urgent de traduire et publier un auteur jusqu'ici inconnu en France. (3)
Si le futur que dépeint l'auteur « synthétise le plus vertigineux des futurs », comme l'annonce la quatrième de couverture, c'est d'un futur plutôt violent, sombre et inquiétant qu'il s'agit, baigné dans les nouvelles technologies actuelles dont Larson aurait poussé les curseurs et où s'efforcent d'exister des êtres vivants et des « machines » bien forcé(e)s de s’accommoder de tout cela puisque... c'est simplement leur réalité.
Si les thèmes abordés peuvent ne pas sembler nouveaux aux lecteurs aguerris du genre, leur rappelant souvent ce qu'ils ont déjà pu lire mais également bon nombre de BD, de films et de séries dont les images maintenant largement répandues aident beaucoup à la « visualisation » des histoires racontées ici, leur auteur offre néanmoins un point de vue précis et personnel au sujet de ce qu'il semble avoir observé, après y avoir sérieusement réfléchi.
Pour sombre et inquiétante qu'elle soit, cette histoire du futur selon Larson (4) se penche néanmoins tout particulièrement sur un sujet qui paraît ici central : ce, celles et ceux qui constatent et ressentent cette réalité et qui ont préféré s’accommoder de leur monde tel qu'il est et s'efforcent de le comprendre plutôt que d'user de ce dernier pour se foutre sur la gueule. Bref, grattez bien, sous la croûte de sang séché, quelque chose brille. Au cœur du pire, palpite encore quelque chose. 
À n'en pas douter, un second recueil de Rich Larson verra le jour dans la même collection. (5) Pas tout de suite, faut laisser le temps au lecteur de digérer (6) sa baffe.

(1) Après Greg Egan (trois fois), Ken Liu (deux fois), Peter Watts (une fois) et Nancy Kress (une fois).
(2) Également repérée sous ses avatars terriens : Ellen Herzfeld et Dominique Martel.
(3) Pour les incapables de lire autrement, dont je.
(4) Lire les nouvelles dans l'ordre, comme le recommande la courte préface des 42, est toujours une excellente idée. Il m'a semblé que cet ordre permettait d'assimiler peu à peu les quelques obsessions récurrentes et style de l'auteur, ce qui permet une lecture de plus en plus confortable au fur et à mesure. D'une certaine manière, Larson est comparable à Watts (en moins radical, tout de même) et donne peu d'explications de ses univers, laissant le soin au lecteur de traquer les détails éclairants. Ces deux-là vous plongent dans le bain, sans préambule, mais Larson distille discrètement des indices visibles et faussement insignifiants.
(5) Impossible que je me trompe à ce sujet, je le veux trop. Il va exister. T'es chaud, Pierre-Paul ?
(6) « On ne vomit pas, à l'arrière, d'accord ? »