Beyond Blade Runner (1998)
éd. Allia, 2019
trad. Arnaud Pouillot, couv. ?
éd. Allia, 2019
trad. Arnaud Pouillot, couv. ?
Blade Runner, le film de Ridley Scott, a imposé la vision futuriste et apocalyptique d'un Los Angeles dévasté, livré au chaos. Mais, d'après Mike Davis, le visage futur de la ville, dont tous les éléments sont déjà en place, sera moins spectaculaire et pourtant beaucoup plus effrayant. Véritable laboratoire social et urbanistique, Los Angeles préfigure le modèle des mégalopoles modernes : destruction de toute mixité sociale par le cloisonnement strict des populations dans des quartiers réservés, laissés, pour certain, à l'abandon et à la domination des gangs, tandis que les couches les plus aisées se « bunkerisent » grâce à la généralisation de la vidéosurveillance et des milices de sécurité privées. La ville vit désormais dans un état perpétuel de « guerre sociale de faible intensité », susceptible à tout moment d'éclater, comme lors des émeutes provoquées par le tabassage de Rodney King. À la fois sociologique, urbanistique et politique, l'essai de Mike Davis, qui s'appuie autant sur des statistiques précises que sur l'expérience personnelle de l'auteur, offre, au-delà du cas de Los Angeles, un portrait saisissant de l'Amérique contemporaine et des sociétés occidentales en général.
Petit ouvrage d'environ 150 pages qui m'aurait totalement échappé s'il ne m'avait pas été judicieusement signalé, Au-delà de Blade Runner ne constitue que le septième chapitre d'un autre essai, Ecology of Fear (1) et se penche donc sur le cas de Los Angeles, (2) faisant le tableau d'un désastre affligeant.
L'auteur pose un regard très pessimiste mais me paraissant néanmoins très réaliste sur cette ville, pousse le curseur et s'inquiète de son état futur, s'interroge sur les politiques menées qui montrent presque toujours ne jamais tenir compte de ce désastre, paraissent agir sciemment dans ce sens parfois. S'il s'appuie brièvement sur la SF, (3) c'est de manière pertinente, en comparant certaines images des œuvres avec ce qui se déroule et semble prendre forme sous ses yeux.
Après avoir été ouvrier, Mike Davis a entrepris de faire des études puis de porter différentes casquettes : écrivain, historien, professeur d'université et militant, entre autres choses plus intimes. (4)
Je vais à présent retourner me détendre et boire frais.
(1) Non traduit à ma connaissance, mais d'autres le sont.
(2) Bien que la description dépasse ces strictes frontières, comme l'indique le préambule.
(3) En comparant avec les images de Blade Runner, bien entendu, mais aussi, à ma grande joie, avec celles que décrit Octavia Butler dans La Parabole du semeur.
(4) D'autres renseignements sur la page Wiki consacrée à ce Monsieur où j'avais glané ceux-ci. Page où j'ai également pu trouver ce long et passionnant entretien avec lui, dans lequel, à mon sens, il se livre d'une manière particulièrement franche et honnête.
L'auteur pose un regard très pessimiste mais me paraissant néanmoins très réaliste sur cette ville, pousse le curseur et s'inquiète de son état futur, s'interroge sur les politiques menées qui montrent presque toujours ne jamais tenir compte de ce désastre, paraissent agir sciemment dans ce sens parfois. S'il s'appuie brièvement sur la SF, (3) c'est de manière pertinente, en comparant certaines images des œuvres avec ce qui se déroule et semble prendre forme sous ses yeux.
Après avoir été ouvrier, Mike Davis a entrepris de faire des études puis de porter différentes casquettes : écrivain, historien, professeur d'université et militant, entre autres choses plus intimes. (4)
Je vais à présent retourner me détendre et boire frais.
(1) Non traduit à ma connaissance, mais d'autres le sont.
(2) Bien que la description dépasse ces strictes frontières, comme l'indique le préambule.
(3) En comparant avec les images de Blade Runner, bien entendu, mais aussi, à ma grande joie, avec celles que décrit Octavia Butler dans La Parabole du semeur.
(4) D'autres renseignements sur la page Wiki consacrée à ce Monsieur où j'avais glané ceux-ci. Page où j'ai également pu trouver ce long et passionnant entretien avec lui, dans lequel, à mon sens, il se livre d'une manière particulièrement franche et honnête.