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jeudi 11 octobre 2018

Djal

Djal : Nuits blanches
(2000 - MusTraDem)
Se présentant comme un groupe de bal, (1) Djal, pour ce disque, se compose de huit musiciens français faisant chacun preuve d'une technique et d'une dextérité des plus enthousiasmantes et propose une musique exclusivement instrumentale.
Effectivement, scottishs, rondeaux, polkas, reels, bourrées, valses, andros, gavottes et autres cercles (2) s'enchaînent et remplissent le contrat annoncé, mais la musique de Djal est aussi incroyablement dense (3) et des plus riches, le groupe piochant son inspiration dans les musiques traditionnelles françaises sans toutefois hésiter à dépasser les frontières, les styles et les époques.
Après ce premier album, quatre autres suivront, (4) seulement deux d'entre eux enregistrés en studio, ne démentant jamais l'immense talent du groupe.
Si la forme de ce dernier change au cours des années, tous les musiciens sont de très haute volée et issus d'univers musicaux différents, les compositions et les arrangements ne faiblissant jamais et comportant nombre de touches plus modernes, parfois déroutantes, qui ne manquent jamais de surprendre.
Pour ce qu'on entend sur les trois albums présentant des concerts, le public présent aime effectivement danser. Mais il semble également connaître certains morceaux par-cœur et, aussi incroyable que cela puisse paraître, chante juste. Djal se démène de manière visible pour rester à la hauteur d'un tel public et, à mon sens, y parvient avec un réel brio, se laissant très souvent aller à l'improvisation, tout aussi brillante que le reste.
« C'est énorme ! » (5)

Deux exemples : The chauve must go on, Kalaallit nunaat walz (6)

Musiciens :
- Jean Banwarth : bouzouki
- Sylvain Barou : flûtes traversières en bois, uillean pipes, low whistles
Daniel Gourdon : violon
Yann Gourdon : vielle à roue électroacoustique
- Jéremie Mignotte : flûte traversière en bois
- Stéphane Milleret : accordéon diatonique
- Christophe Sacchettini : flûte à bec, whistles, bodhran, djembe, shakers
- Claude Schirrer : basse

(1) Ce qu'il est !
(2) J'en passe, la liste exhaustive pour cet album est ici, sur le site du producteur, MusTraDem étant la contraction de Musiques Traditionnelles de Demain - j'ignore comment j'ai pu passer à côté d'une telle maison aussi longtemps... (7)
(3) Ah, ah ! (Pardon.)
(4) Extra bal (Concert, 2003), Répliques (2006), Ex nihilo (2012) et Quaterlife (Concert, 2018).
(5) C'est ce que dit l'un des musiciens en évoquant les 25 années d'existence du groupe. Par le plus grand des hasards, j'ai découvert Djal il y a quatre jours et, effectivement, on ne saurait mieux dire.
(6) Extraits du dernier disque, je n'ai rien trouvé du premier. En revanche, en bonus, voici un documentaire captivant qui laisse le groupe revenir sur sa carrière et sa musique, Raconte-moi ton Djal, partie 1 et partie 2. Documentaire qui confirme ce qui est déjà perceptible à l'écoute des albums : le lien entre ce public et son groupe. (En outre, l'origine de Djal est tout simplement incroyable.)
(7) Pour les curieux et autres personnes de goût : de quoi écouter.
(8) Allez zou : est-ce moi, ou le titre « The chauve must go on » est une façon d'accueillir le nouveau vielleux Sébastien Tron à son premier enregistrement avec le groupe en concert ? Si je ne fais pas erreur, je crois que nous avons affaire à une sacrée bande de déconneurs. Selon moi, c'est un plus.

dimanche 7 octobre 2018

Une vie après l'autre

Kate Atkinson : Une vie après l'autre
Life After Life (2013)
éd. Le Livre de Poche, 2018
trad. Isabelle Caron, couv. Studio LGF

11 février 1910 : Ursula Todd naît - et meurt aussitôt.
11 février 1910 : Ursula Todd naît - et meurt, quelques secondes plus tard, le cordon ombilical enroulé autour du cou.
11 février 1910 : Ursula Todd naît, le cordon ombilical menace de l'étouffer, mais Ursula survit.
Ursula naîtra et mourra de nombreuses fois encore - à cinq ans, noyée ; à douze ans, dans un accident domestique ; ou encore à vingt ans, dans un café de Munich, juste après avoir tiré sur Adolf Hitler et changé ainsi, peut-être, la face du monde...
Malgré ce que pourrait laisser supposer cette dernière phrase de présentation, (1) à mon sens, Kate Atkinson ne semble pas s'intéresser réellement à ce que pourrait être « la face du monde si... », mais se penche avant tout sur ce qu'est la face du monde quand. En effet, même si elle entretient plusieurs fois le doute autour de retours dans le temps plus ou moins conscients au cours de ce gros roman, (2) c'est avant tout d'actes et de choix qu'elle traite, avec toutes les réflexions que ceux-ci peuvent engendrer (qu'ils aient eu lieu ou non, d'ailleurs). (3)
Qui d'entre nous peut dire qu'il n'a jamais tenté l'expérience de pensée « et si Hitler... » ?
Ou bien, de manière plus... « pragmatique », qui ne s'est jamais demandé ce qu'aurait été sa vie s'il avait agi différemment dans telle ou telle circonstance ? Et, ce que l'on retrouve en filigrane dans le roman mais de manière soutenue : qui ne s'est pas surpris dans une situation qu'il lui semblait avoir déjà vécu, suggérant cette impression de déjà-vu, familière pour un grand nombre d'entre nous ?
D'une manière radicalement différente de celle de Moorcock (4) et sur un plus petit échantillon, l'autrice se penche sur une portion d'humanité et l'observe, la détaille méticuleusement, d'une manière bienveillante sinon amicale. (5) Si Ursula reste le point central, les bifurcations qu'elle (et parfois d'autres personnages) emprunte me paraissent parfois si différentes qu'elles font de l'héroïne une figure universelle.
Hitler ? Difficile de l'observer de près ou de lui prêter une pensée cohérente... Il reste néanmoins un excellent point focal pour situer le roman dans une période (largement installé sur les deux guerres, donc) durant laquelle il n'a pas dû être plus rare qu'aujourd'hui de frôler, voire côtoyer, des personnes en proie aux choix, au doute... (6)
Minutieux et riche, d'une justesse de vue et porteur de nombreuses réflexions, le roman, bien que traversant de bien sombres périodes, reste parsemé d'humour sincère (7) sinon d'éclats de rires qui peuvent « adoucir l'ambiance » et arriment encore un sentiment d'authenticité ressenti de la première à la dernière page. (8)
Bref, c'est une merveille dont je pourrais discuter pendant des heures sans me lasser et, de manière certaine, que je pourrais relire immédiatement en y découvrant des choses nouvelles.
Une autre certitude : Une vie après l'autre fera partie des rares livres que j'aurai lu plusieurs fois.

(1) Ici, vous ne saurez rien d'un tel monde, la loupe de Kate Atkinson n'allant pas au-delà du fameux coup de feu. Si certains lecteurs y trouvent plus ou moins un lien avec l'uchronie, j'ai un peu de mal à le situer. (Mais je remercie cette manière de voir les choses puisqu'elle m'a fait découvrir cet admirable roman).
(2) Beaucoup d'interventions des personnages relativisent cet a priori, laissant le lecteur placer le roman dans la catégorie qu'il souhaite. (Page 526 : « Si elle pouvait remonter le temps et [...]. C'était le problème avec les voyages dans le temps (outre leur impossibilité) [...]. » Ou bien, page 534 : « Nous n'avons qu'une vie, après tout, nous devrions essayer de faire de notre mieux. » Ou bien encore, page 571 : « Mais si Hitler avait été tué avant de devenir chancelier, ça aurait empêché tout ce conflit entre les Arabes et les Israéliens, non ? »)
(3) Les multiples morts et recommencements d'Ursula ou d'autres personnages peuvent tout à fait s'expliquer par des réflexions personnelles, non dites, qu'Atkinson nous confie de manière heureuse mais sans répit tout au long du roman ; la force de ce roman selon moi.
(4) Dans Mother London, où il s'intéresse de près... aux gens, prétextant de la télépathie pour justifier ce regard là où Atkinson use d'observation méticuleuse, de réflexion sur les conséquences des actes, par le truchement des retours sur le déroulement de l'Histoire (ou des histoires, Ken Liu allant même jusqu'à dire que Celle-ci ne découle que de celles-là. Patin couffin...). (C'est qui, Liu ? Un nazi ? Non, pas vraiment. Ceux qui ont lu Une vie après l'autre comprendront.)
(5) Qu'on ne s'y trompe pas, la bienveillance a ses limites, même chez Atkinson. Et si Hitler, par définition, ne passe pas le concours d'entrée, l'immonde Derek non plus et, de manière curieusement moins tranchée, Howie et Maurice pas davantage.
(6) Je crois qu'Ursula pense à un moment quelque chose comme « bienheureux ceux qui n'ont pas de doutes » mais je ne retrouve pas le passage, pardon.
(7) Vécu ?
(8)  Cela sonne néanmoins très sombrement vrai, parfois : « La seule façon d'arrêter les larmes était de continuer à boire du whisky ».
(9) Allez zou, au point où j'en suis : avec cette dernière intervention inutile, je souscris à un vieux pari qui était de faire davantage de notes de bas de page que de billet. Ne me remerciez pas, ça me fait plaisir...

vendredi 5 octobre 2018

Laboratorium Pieśni

Laboratorium Pieśni : Sound Meditation 
(2018 - autoproduction) 
(1)
Comme patiemment espéré, les laborantines polonaises du groupe Laboratorium Pieśni (2) nous font de nouveau cadeau de leurs expériences avec ce troisième disque, prenant pour la seconde fois le contre-pied des attentes de ses auditeursAprès deux excellents albums, (3) respectivement éclatant de voix et de rythmes enlevés puis d'une lente et douloureuse beauté, celui-ci nous propose de longues et hypnotiques litanies savamment interprétées, une fois encore issues de musiques traditionnelles variées. Si les voix y sont moins nombreuses, elles n'en sont pas moins travaillées, brillamment entourées d'instruments d'origines diverses. Et si l'Europe de l'Est est logiquement au centre de l'œuvre, les termes « chamanisme » et « improvisation », associés à l'écoute, laissent supposer d'autres influences. (4)
Tout d'abord surpris par le changement du nom du groupe et du choix du titre de l'album, (5) j'espère que ceux-ci joueront leur rôle et donneront les moyens à ces remarquables musiciennes de faire d'autres recherches et d'autres disques.
Je reprends donc ma faction aux portes de ce plus qu'intéressant laboratoire.

L'album : Sound Meditation.

Laborantines et invités :
- Alina Jurczyszym : surpeti, percussions, maracas
- Kamila Bigus : violon, rabâb, percussions, maracas
Michal Zeltman : voix, guitare, saz, bouzouki
- Hubert Poᛅoniewicz : kanoun, gousli, voix

(1) « Deux superbes disques qui poussent à se demander quel agréable résultat sortira donc de cet intéressant laboratoire en 2018 », écrivais-je en conclusion du précédant billet concernant ces dames. Vive la science !
(2) Oui, d'accord, il se fait appeler Song Laboratory, cette fois. Un choix...
(3) Rosna (2016) et Puste Noce (2017).
(4) La présentation générale du groupe (téléchargeable sur son site) manque de précision, se contentant d'un « et bien d'autres pays » (mais, une fois encore, j'attends le disque et j'aurai peut-être un truc à ronger, auquel cas...).
(5) Pour ce qui est du nom, je n'ai pas vraiment d'avis (comprendre, en gros : « je m'en fous »). Mais pour le choix du titre, j'y vois (au risque de me tromper) une tentative d'attirer l'attention d'un (plus large) public, plus intéressé par des ambiances bien spécifiques et « dédiées » à d'autres activités qu'attentif à la musique jouée.