Lokomotive Kreuzberg : Fette Jahre
(1975 - Pläne)
Groupe allemand, Lokomotive Kreuzberg fait partie de ces formations (1) pour qui la teneur politique des textes a peut-être plus d'importance que la musique qui les accompagne.
Si l'engagement politique de ce groupe et ses textes sont importants, sa musique, à mon sens, ne l'est pas moins et participe très certainement pour beaucoup à l'attention que l'on peut porter à l'ensemble.
Après deux albums (Kollege Klatt, en 1972 et James Blond, en 1973), les compositions du groupe prennent plus d'importance sur Fette Jahre (1975) qui nous offre un rock progressif très riche et varié mettant un chant souvent théâtral très en valeur.
Malheureusement, je n'ai aucune pratique de l'allemand et trouver les textes écrits de ce groupe semble relever de la gageure. Tout aussi malheureusement, je n'ai pas pu mettre la main sur le dernier album du groupe (Moutain Town, en 1977) avant sa dissolution (2) qui, semble-t-il, serait le plus apprécié des amateurs.
Dans l'état actuel de mes connaissances, Fette Jahre reste le sommet du groupe et, sans la moindre hésitation, un incontournable du rock progressif.
Quelques exemples : Rondo, Fette Jahre, Leise Sohlen, Parlamentsmarsch.
Musiciens :
- Bernhard Potchka : guitares, chant
- Manfred Praeker : guitare acoustique, percussions, chant
- Uwe Holz : percussions, harmonica, chant
- Karl-Heinz Scherfling : percussions, chant
- Andreas Brauer : piano, flûte, violon, percussions, synthétiseur, chant
(1) Comme Floh de Cologne, Ton Steine Scherben et d'autres, qui ont animé cette scène appelée Politrock et sur laquelle on peut plus amplement s'informer sur les pages du Wikipédia allemand. Au sujet de Lokomotive Kreuzberg, on trouvera sur Rock60/70 un très intéressant article suivi d'un entretien avec deux membres du groupe.
(2) Regrettable, certes, mais certains membres de Lokomotive Kreuzberg auront pu créer par la suite le premier Nina Hagen Band puis Spliff, un groupe devenu très populaire en Allemagne.
A-Seite:
RépondreSupprimerRondo
(Instrumental)
Comeback
Verklungen war der letzte Schuß.
Deutschland war am Ende.
Mit dem Krieg war endlich Schluß.
Man spuckte in die Hände.
Doch da waren welche,
die dachten nur an ihr
Comeback.
Vielen juckte noch das Fell.
Sie wollten kommandieren.
Der Frieden kam für Sie zu schnell.
Sie träumten von Marschieren.
Ja, da waren welche,
die dachten nur an ihr
Comeback.
Thyssen zeigte alten Charme.
Ihm konnte nichts passieren.
Krupp lief sich schon wieder warm.
Andere mussten frieren.
Kapital ist radikal.
Es mußte wieder rüsten.
Dazu braucht es deutschen Stahl.
Und NATO-revanchisten.
Ja, da waren welche,
die dachten nur an ihr
Comeback.
Le dernier coup de feu avait retenti.
SupprimerL'Allemagne était arrivée au bout.
La guerre avait mis un point final.
On se frottait déjà les mains.
Mais il y en avait quelques-uns
qui ne pensaient qu'à son
Comeback.
Le manteau noir les démangeait encore.
Ils voulaient commander.
Pour eux, la paix était revenue trop vite.
Ils rêvaient de défilé.
Oui, il y avait toujours ces quelques-uns
qui ne pensaient qu'à son
Comeback.
Thyssen faisait miroiter ses charmes.
Il ne pouvait rien lui arriver.
Krupp remettait à chauffer ses fours.
Certains ont dû geler.
Le Capital est jusqu'au-boutiste.
Il veut remettre ça.
Voilà pourquoi il faut de l'acier germanique.
Et des revanchards de l'OTAN.
Oui, il y en avait quelques-uns
qui ne pensait qu'à son
Comeback.
Requiem
RépondreSupprimerSo manches große Tier
nimmt Abschied von der Zeit.
Geht durch die Hintertür
zum Teufel in die Ewigkeit.
Das gibt ein Fest am Sarg.
Doch graut der nächste Morgen,
da macht sich schon der nächste stark,
den Staat uns zu besorgen.
Ein jedes große Tier
macht mal die Luken dicht.
Wir zechen drauf ’n Bier,
denn trauern tun wir nicht.
Das gibt ein Fest am Sarg.
Doch graut der nächste Morgen,
da macht sich schon der nächste stark,
uns mit Lügen zu versorgen.
Et voilà un grosse bête
Supprimerprend congé du temps.
Il est passé par la porte de derrière
vers l'enfer et pour l'éternité.
Il y a fête sur son cercueil.
Un nouveau matin se lève déjà,
on se défonce à nouveau,
et l'État s'inquiète pour nous.
Et voilà la grosse bête
fait fermer les écoutilles.
On tète le fût de bière,
car pleurer on sait pas faire.
Il y a fête sur son cercueil.
Un nouveau matin se lève déjà,
on se défonce à nouveau,
seuls avec nos mensonges.
Fette Jahre
RépondreSupprimerNach den sieben fetten
sollen jetzt die sieben
mageren Jahre kommen.
Alle Mann zum beten,
Einkehr wird verlangt.
Ob das langt ?
Ja, schon viel zu lange
hat das Volk geprasst.
Nach dem Zuckerkuchen,
da verdient es Hiebe,
nach dem großen Fraß
braucht es das.
Große Zeit für
Propheten,
Minister,
Generäle
und Männer der Stunde.
Hört Ihr sie predigen und singen,
ganz wie sie früher
mit der Pfeife
Ratten fingen.
Ökonomen lesen jetzt
im Kaffeesatz,
und sie brauen Rezepte
wie in alten Tagen:
Gürtel enger schnallen,
heil uns allen.
Wenn die Herren predigen,
ist was faul in Staat.
Und sie predigen wieder voll aus allen Rohren:
Reichtum ist nur Schein.
Armut ist fein.
Große Zeit für
Propheten,
Minister,
Generäle
und Männer der Stunde.
Hört Ihr sie predigen und singen,
ganz wie sie früher
mit der Pfeife
Ratten fingen.
Années d'abondance
SupprimerAprès sept années de vaches grasses
on voit arriver maintenant sept
années de vaches maigres.
On n'a plus que les mains pour prier,
On doit passer à la caisse.
Ce n'est pas vrai?
Oui, ça fait trop longtemps
que le peuple se goinfre.
Après des petits gâteaux sucrés
il mérite des coups;
après la bonne bouffe,
c'est tout ce qu'il lui faut.
Belle époque pour
les prophètes,
les ministres,
les généraux,
et les hommes providentiels.
Vous les entendez? ils prêchent, ils chantent,
comme ils le faisaient avant
avec leur pipeau
quand ils ensorcelaient les rats.
Les économistes lisent maintenant
dans le marc de café,
et ils brassent des recettes
comme dans l'ancien temps:
se serrer la ceinture,
ça nous guérit tous.
Quand les hommes se mettent à prêcher,
il y a quelque chose de pourri dans l'État.
Et ils prêchent à nouveau sur tous les tons:
La richesse n'est qu'une illusion.
La pauvreté est un bienfait.
Belle époque pour
les prophètes,
les ministres,
les généraux,
et les hommes providentiels.
Vous les entendez? ils prêchent, ils chantent,
comme ils le faisaient avant
avec leur pipeau
quand ils ensorcelaient les rats.
B-Seite:
RépondreSupprimerNostalgie
Der Zorn ist verraucht
aus dem vorletzten Jahr.
Die Ideen verbraucht
aus dem vorletzten Jahr.
Wir sind nostalgisch geworden
und ziehen uns zurück aus der Zeit.
Wir würden unsere Oma ermorden
aus Neid auf ihr Spitzenkleid.
Wir haben so Heimweh bekommen
nach Plüsch und schwerem Brokat.
Die Technik macht uns beklommen,
weil sie so was Technisches hat.
Der Zorn...
Wir hören jetzt Dietrichs Marlene.
Bob Dylan ist ja schon tot.
Wir fühlen uns so furchtbar alleene
und glauben bald wieder an Gott.
Nostalgie
SupprimerLa colère flotte encore
de l'année d'avant.
Les idées sont éculées
de l'année d'avant.
Nous sommes devenus nostalgiques
et nous nous retirons du présent.
Encore un peu et nous assassinerions notre grand-mère,
Par jalousie pour sa robe de dentelle.
Nous avons tellement le mal du pays,
des peluches et des lourds brocarts.
La technologie nous rend mal à l'aise,
parce qu'elle a quelque chose de technique.
La colère ...
Nous écoutons maintenant la Marlène de Dietrich.
Bob Dylan est déjà bien mort.
Nous nous sentons terriblement seuls
et bientôt nous allons croire en Dieu encore.
Leise Sohlen
RépondreSupprimerWas ist bloß in Rathaus los...?
Leise Sohlen.
Doppeltür.
Mit Empfehlung.
Angenehm.
Bitte setzen.
Danke schön.
Gläser klingen.
Scharfer Drink.
Komplimente.
Kleiner Wink.
Sorgenfalten.
Hin und Her.
Angebote.
Achselnässe.
Hämorrhoiden.
Herzinfarkt.
Viel Gewissen.
Volk beschissen.
Der Junge mit dem Bestechungsgeld
war da,
und er kommt auch nächstes Jahr
mit silbernen Talern zu Dir.
Was ist bloß im Rathaus los...?
Händereiben.
Hat geklappt.
Feines Grinsen.
Staat berappt.
Herzpastille.
Kreisellauf.
Vorstandsposten.
Kaffeetrinken.
Unsere kosten.
Frei gewählt.
Wahlversprechen.
Lange Reden.
Kurzer Sinn.
Nach den Wahlen.
Haut nicht hin.
Alle Worte
schnell verschliessen.
Und zum Schluß
Volk beschiessen.
Der Junge mit dem Bestechungsgeld
War da...
Qu'est-ce qui ne va pas à la Mairie...?
SupprimerSemelles souples.
Double porte.
Je suis recommandé...
Enchanté.
Prenez place, s'il vous plaît.
Merci.
Un verre.
Boisson sélect'.
Félicitations.
Petite allusion.
Le front se plisse.
Aller et venue.
Offres.
Moiteur.
Hémorroïdes.
Crise cardiaque.
Conscience tranquille.
Le peuple s'est fait avoir.
Le garçon avec le pot-de-vin
était là,
et il viendra aussi l'année prochaine
avec des thalers d'argent pour toi.
Qu'est-ce qui ne va pas à la Mairie...?
Se frotter les mains.
Ça a marché.
Petits sourires.
L'État a casqué.
Pilule pour le cœur.
Sens giratoire.
La position du Conseil.
Une gorgée de café.
Nos dépenses.
Librement consenties.
Promesses d'élection.
Longs discours,
histoire courte.
Après les élections.
Plus de peau.
Vite oublier
Tous les mots.
Et à la fin,
tirer contre le peuple.
Le garçon avec le pot-de-vin
était là...
Verfassungslied
RépondreSupprimerIn der tödlich kalten Stille
nach dem letztem großen Krieg
haben sie uns recht gegeben,
ohne Waffen hier zu leben.
In der tödlich großen Armut
nach dem letzten großen Krieg
haben sie uns recht gegeben,
daß wir nur von Arbeit leben.
Wir streuen Salz in alte Wunden,
es wird nichts vergessen von uns.
Ja, sie haben die Verfassung erfunden,
die quält sie sogar noch im Schlaf,
da haben sie Sachen gesagt,
von den’ wolln sie heute nichts wissen.
Was ? Sie wollen nicht ? – Sie müssen !
Angesichts der Todeslager
aus dem letzten großen Krieg
haben sie uns recht gegeben.
Nun politisch frei zu leben.
Angesichts der Profite
aus dem letzten großen Krieg
haben sie uns recht gegeben,
die Monopole auszuheben.
Wir streuen Saltz in alte Wunden,
es wird nichts vergessen von uns.
Ja, sie haben die Verfassung erfunden,
die quält sie sogar noch im Schlaf,
da haben Sie Sachen gesagt,
von den’ wolln sie heute nichts wissen.
Was ? Sie wollen nicht ? – Sie müssen !
Chant de la Constitution
SupprimerDans un grand et mortel silence,
après la dernière grande guerre,
ils nous ont donné le droit
de vivre ici sans armes.
Dans une grande et mortelle pauvreté,
après la dernière grande guerre,
ils nous ont donné le droit
de ne vivre que de notre travail.
On verse du sel dans les vieilles blessures
on n'oubliera rien.
Oui, ils ont rédigé la nouvelle Constitution,
ça les tourmente encore dans leur sommeil,
peut-être qu'ils ont dit des choses
qu'ils préféreraient oublier aujourd'hui.
Quoi? Ils ne veulent pas? Il le faut!
Compte tenu des camps de la mort
de la dernière grande guerre,
ils nous ont donné le droit
de vivre en citoyen libre.
Compte tenu des bénéfices
de la dernière grande guerre,
ils nous ont donné le droit
de vider les monopoles.
On verse du sel dans les vieilles blessures
on n'oubliera rien.
Oui, ils ont rédigé la nouvelle Constitution,
ça les tourmente encore dans leur sommeil,
peut-être qu'ils ont dit des choses
qu'ils préféreraient oublier aujourd'hui.
Quoi? Ils ne veulent pas? Il le faut!
Parlamentsmarsch
RépondreSupprimerGroßkampftag im Parlament.
Volksvertreter sind zum Kampf bereit
zum Wohle der Menschen im Lande.
Doch das Volk, das weiß Bescheid
und mißtraut der ganzen Bande,
weil es diese Schattenkämpfe kennt.
Das Volk hängt in den Seilen,
gelingt und kalt erwischt.
Es muß sich sehr beeilen,
da hilft alles nicht.
Rein ins Parlament !
Arbeiter auf der Tribüne !
Keiner geht im Parlament
wirklich an den Gegner ran,
denn Veilchen schaden Karrieren.
Getroffen wird der kleine Mann.
Wie soll er sich sehr beeilen,
da hilft ihm alles nicht
Rein ins Parlament !
Arbeiter auf der Tribüne !
Manch Gesetz wird durchgeboxt
auf der Parlamentstribüne
im Monopolinterresse
mit Volksvertretermiene.
Man poliert dem Volk die Fresse
Bis es sich selbst nicht mehr erkennt.
Das Volk hängt in den Seilen,
gelingt und kalt erwischt.
Es muß sich sehr beeilen,
da hilft alles nicht.
Rein ins Parlament !
Arbeiter auf der Tribüne !
Marche parlementaire
SupprimerJournée de grande bataille au parlement.
Les représentants du peuple sont prêts à lutter
Pour le bénéfice des gens de ce pays.
Mais le peuple sait déjà le résultat
Et il se méfie de toute la bande,
Parce qu'il connaît ces batailles de l'ombre.
Le peuple est pris dans un filet,
Saisi, heureux et froid.
Il doit se dépêcher,
même si ça n'aide pas.
En avant, au parlement !
Les ouvriers à la tribune !
Personne ne va au parlement
Courir derrière des adversaires,
Car les fleurs violettes nuisent aux carrières.
On y va rencontrer un petit bonhomme.
Il doit se dépêcher,
même si ça ne l'aide pas non plus.
En avant, au parlement !
Les ouvriers à la tribune !
Certaines lois se gagnent au poing
À la tribune du parlement
Dans l'intérêt des monopoles
Malgré les mijaurées des députés.
On bourre la gueule du peuple
Jusqu'à ce qu'il ne se reconnaisse plus lui-même.
Le peuple est pris dans un filet,
Saisi, heureux et froid.
Il doit se dépêcher,
même si ça n'aide pas.
En avant, au parlement !
Les ouvriers à la tribune !
Bonjour Philippe,
RépondreSupprimerEt un immense merci pour cette contribution !
Lorsque j'écrivais : « Malheureusement, je n'ai aucune pratique de l'allemand et trouver les textes écrits de ce groupe semble relever de la gageure. », je n'aurais jamais imaginé qu'ils apparaîtraient miraculeusement à la suite de cette chronique.
Merci encore, camarade, je vais maintenant tenter de déchiffrer tout cela.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerArf, Kalou, j'ai supprimé ton dernier commentaire par erreur, je m'encroute...
RépondreSupprimerPardon et merci de corriger si c'est encore possible...
Ça va, je te pardonne (je ne sais même plus ce que je disais: ça ne devait pas être important!)
SupprimerEt grand merci à toi, camarade, pour ces traductions nécessaires !
RépondreSupprimerBisous !
Comme quoi, ça sert, allemand-première-langue…
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