Les Éditions du Canard (2009)
Timidement au départ, puis poussés par une curiosité et une envie grandissante de comprendre, nous suivons Ce et découvrons de son point de vue cette cité aux mœurs étranges ainsi que ses rêves qui ne le sont pas moins.
Il est de très rares bandes dessinées qui, à la première lecture, très vite, s'annoncent comme des monuments qui s'useront à force de très nombreuses visites, certes toujours plus familières, mais également riches de promesses et de nouvelles découvertes.
Ce est de celles-ci.
Parmi les influences graphiques communément admises, si celle de Moebius est justifiée, (1) il me semble que celle de Druillet est beaucoup moins flagrante. En revanche, au risque de me tromper, je crois y avoir découvert beaucoup de points communs avec certaines œuvres d'Andreas.
Si le style de ce dernier est souvent bien plus sombre, plus incisif, tranchant, bien des choses les rapprochent. Les choix de l'absence de couleur et du dessin au trait, bien entendu, mais aussi, chez l'un comme l'autre, la richesse et la minutie des détails, le soin porté à la narration, l'envie de surprendre constamment le lecteur, de l'amener à s'interroger, de ne pas tout dévoiler, de faire appel à l'inconscient et à la perception de la réalité, tenter d'effleurer ce qui dépasse l'entendement. (2) Si je peux faire dire à Roosevelt « Faire appel à l'intelligence, à la capacité d'interprétation et à l'imagination du lecteur, c'était peut-être le principal de mes buts », je ne retrouve pas les mots exacts d'Andreas. Mais je peux vous assurer que ses préoccupations principales sont identiques. Ces gars-là, avec un rare talent, font d'évidentes tentatives pour communiquer ! Mais, chez l'un comme chez l'autre, certaines choses, certains aspects resteront dans l'ombre, demeureront inexpliqués, à moins que les lecteurs ne s'amusent à chercher des clefs, quitte à le faire dans les œuvres suggérées par ces bandes dessinées sinon à les inventer de toutes pièces.
Ces références dépassent de loin le domaine de l'image, Roosevelt comme Andreas les multipliant tout au long de leurs albums, au travers des personnages comme de la narration ou du récit lui-même, facilement saisissables pour certains, à jamais mystérieux pour d'autres. (3)
Pour ce qui est du parcours de cet auteur incontournable qu'est José Roosevelt (4) tout ce que je pourrais raconter ici peut se retrouver de manière beaucoup plus complète sur le site Du9 où Maël Rannou lui consacre un long entretien absolument captivant en quatre parties : De la peinture à la bande dessinée, Le Monde de Juanalberto, L'Expérimentation permanente et Ce. (5)
On peut également trouver beaucoup d'autres informations et de très nombreux dessins ainsi que toutes les œuvres de l'auteur sur son propre site.
(1) Le premier tome de Ce (qui doit en compter treize) lui est d'ailleurs dédié, comme le seront les tomes suivants à d'autres auteurs et artistes qui ont influencé Roosevelt, au point que certains des personnages issus de ces influences assumées s'ancrent dans plusieurs de ses œuvres, aussi différentes soient-elles. Les deux autres principales sources d'inspiration (mais elles sont bien plus nombreuses et parfois assez surprenantes) sont Carl Barks et Lewis Trondheim.
Un homme sans passé, un homme qui rêve. Mais il ne s'agit pas d'un homme commun : lui, il est immortel. Est-ce cette condition d'immortel qui donne à ses rêves un caractère si obsessionnel ? L'homme comprend, à l'aide d'un magicien aux oreilles pointues, que ses rêves sont beaucoup plus qu'ils ne semblent. Dans ses rêves, il est question d'une rencontre avec une femme mi-ange mi-robot, S-29, avec qui il partage de nombreux dangers et à qui il confiera son histoire. Dans sa vie éveillée, il est question d'une ville enfouie dans les profondeurs de la terre, où se cache une société aux rituels bien particuliers. Au détour des rues de cette cité, l'homme lie connaissance avec le gardien Heimdall, les enfants guerriers Blanqueau et Noiraud, et l'alchimiste Gian. Et encore avec deux femmes qui attisent son intérêt jusqu'à la fascination : Alyss, la jeune magicienne dont les affinités avec l'œuvre de Lewis Carroll ne se réduisent pas à la sonorité du prénom, et Victoria, la souveraine de la Cité, la maîtresse des défilés érotiques, la liseuse de pensées aux penchants morbides... de qui il ne veut plus se séparer. Cet homme, cet immortel, s'appellera « Ce ».
Dessin de Roosevelt |
Il est de très rares bandes dessinées qui, à la première lecture, très vite, s'annoncent comme des monuments qui s'useront à force de très nombreuses visites, certes toujours plus familières, mais également riches de promesses et de nouvelles découvertes.
Ce est de celles-ci.
Parmi les influences graphiques communément admises, si celle de Moebius est justifiée, (1) il me semble que celle de Druillet est beaucoup moins flagrante. En revanche, au risque de me tromper, je crois y avoir découvert beaucoup de points communs avec certaines œuvres d'Andreas.
Dessin de Roosevelt |
Ces références dépassent de loin le domaine de l'image, Roosevelt comme Andreas les multipliant tout au long de leurs albums, au travers des personnages comme de la narration ou du récit lui-même, facilement saisissables pour certains, à jamais mystérieux pour d'autres. (3)
Pour ce qui est du parcours de cet auteur incontournable qu'est José Roosevelt (4) tout ce que je pourrais raconter ici peut se retrouver de manière beaucoup plus complète sur le site Du9 où Maël Rannou lui consacre un long entretien absolument captivant en quatre parties : De la peinture à la bande dessinée, Le Monde de Juanalberto, L'Expérimentation permanente et Ce. (5)
On peut également trouver beaucoup d'autres informations et de très nombreux dessins ainsi que toutes les œuvres de l'auteur sur son propre site.
Dessin de Roosevelt |
(1) Le premier tome de Ce (qui doit en compter treize) lui est d'ailleurs dédié, comme le seront les tomes suivants à d'autres auteurs et artistes qui ont influencé Roosevelt, au point que certains des personnages issus de ces influences assumées s'ancrent dans plusieurs de ses œuvres, aussi différentes soient-elles. Les deux autres principales sources d'inspiration (mais elles sont bien plus nombreuses et parfois assez surprenantes) sont Carl Barks et Lewis Trondheim.
(2) Allez, j'aide : le sense of wonder. L'émerveillement. Ce machin qui nous laisse parfois les yeux dans le vague et le sourire aux lèvres.
(3) Mon ignorance m'empêche de comprendre l'omniprésence de cette foutue poire... Je suis preneur de toute indication éclairante.
(4) Autodidacte, peintre relevant du surréalisme, il s'investit toujours plus dans la bande dessinée, un médium riche et complexe qui lui permet d'étoffer son propos.
(5) Si l'envie de découvrir d'autres dessins se fait sentir je suggérerais tout de même d'aborder Ce (au moins les trois premiers tomes) avant de lire tout cela. C'est ainsi que je l'ai découvert et il me semble que c'était une bonne chose. Je vais à présent commander la suite de ces trois premiers tomes (douze sont publiés à ce jour, le suivant et dernier devant logiquement paraître courant 2019).
(3) Mon ignorance m'empêche de comprendre l'omniprésence de cette foutue poire... Je suis preneur de toute indication éclairante.
(4) Autodidacte, peintre relevant du surréalisme, il s'investit toujours plus dans la bande dessinée, un médium riche et complexe qui lui permet d'étoffer son propos.
(5) Si l'envie de découvrir d'autres dessins se fait sentir je suggérerais tout de même d'aborder Ce (au moins les trois premiers tomes) avant de lire tout cela. C'est ainsi que je l'ai découvert et il me semble que c'était une bonne chose. Je vais à présent commander la suite de ces trois premiers tomes (douze sont publiés à ce jour, le suivant et dernier devant logiquement paraître courant 2019).
sans trop m'avancer il me semble que dans les peintures de l'auteur et sa symbolique personnelle, la poire représente la masculinité et la pomme, la féminité, mars et venus en quelque sorte ... il y a sans aucun doutes d'autres interprétations ...
RépondreSupprimerMerci pour cette suggestion, je la note.
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