Ennen pvänlaskua ei voiäi (2000)
éd. Actes Sud, 2005
éd. Actes Sud, 2005
trad. Anne Colin du Terrail, couv. Yoshitomo Nara
Dynamique photographe de pub, Ange vit en solitaire stressé. Un soir, il sauve des bottes d'une bande de jeunes quelque chose qui ressemble fort à un animal blessé. Mais ce qu'il recueille dans son appartement est un enfant troll, perdu certes mais sauvage, et d'une violence inquiétante.
Commencent alors d'une part une enquête discrète sur ces êtres que nombre de documents ne disent pas imaginaires mais bien réels et, d'autre part, une partie de cache-cache avec les amis, les collègues de travail et les voisins d'immeuble.
Au quotidien du photographe, qui tient peut-être l'occasion de réaliser les photos de sa vie mais doit dissimuler l'existence de son troll, se mêlent ainsi des données qui, progressivement, lui confirment que ce qu'il vit n'est pas un rêve mais une réalité dangereuse à laquelle il va bien falloir trouver une solution... forcément radicale.
Commencent alors d'une part une enquête discrète sur ces êtres que nombre de documents ne disent pas imaginaires mais bien réels et, d'autre part, une partie de cache-cache avec les amis, les collègues de travail et les voisins d'immeuble.
Au quotidien du photographe, qui tient peut-être l'occasion de réaliser les photos de sa vie mais doit dissimuler l'existence de son troll, se mêlent ainsi des données qui, progressivement, lui confirment que ce qu'il vit n'est pas un rêve mais une réalité dangereuse à laquelle il va bien falloir trouver une solution... forcément radicale.
Avec son tout premier roman, Johanna Sinisalo s'interroge sur ce qui sépare le genre animal du genre humain en se servant de différents thèmes importants (le sexe, le sentiment amoureux, (1) et la condition de la femme pour ceux que j'ai relevés).
Si j'ai trouvé le ton de l'autrice moins féroce que pour Avec joie et docilité, on retrouve ici le regard ironique et sévère qu'elle pose sur notre société. Johanna Sinisalo observe méticuleusement ses semblables et s'amuse à les confronter vigoureusement à leurs contradictions. Le sujet « dérangeant » de Jamais avant le coucher du soleil s'y prête à merveille et il m'a semblé retrouver cet usage des contrastes et des oppositions, cet angle de vue décalé afin de mieux voir, l'humour grinçant et cette absence de « politiquement correct ».
La cerise sur le gâteau étant que cette malicieuse autrice semble bel et bien parvenue à provoquer la même chose chez ses lecteurs (des contradictions). En effet, bien que ce roman ait eu une plutôt bonne réception de la part de ces derniers, j'ai l'étrange sentiment qu'il fait partie de ces livres trop vite lus voire mal lus.
Les interprétations sont des plus diverses et variées (2), contradictoire parfois, (3) les réactions curieuses (4) et les avis (5) et autres commentaires en aparté décapants. (6) Mais tous ou presque ont bien aimé... alors que le bouquin semble totalement différent pour chaque lecteur. Une énigme.
Alors... Au risque de me tromper, pour la pédophilie et la zoophilie, (7) je ne pense pas. Pessi est un troll, un animal. La plupart du temps, il se comporte comme un chat. Aucun doute possible sur sa nature. Par ailleurs, l'attirance sexuelle qu'éprouve Ange pour Pessi est expliquée dans le roman (par le biologiste), tout du moins une explication rationnelle est avancée. (8)
Toujours au risque de me tromper, j'ai également vu, dans les extraits de la documentation que lit Ange pour parvenir à maintenir Pessi en vie après l'avoir secouru, des textes réels. Certes, j'étais tout d'abord persuadé qu'il s'agissait de textes fictifs, puis les dates m'ont fait douter. Une petite recherche m'a appris que certains des auteurs et titres d'ouvrages mentionnés existaient réellement. (9) Après coup, j'y vois encore une opposition entre l'énergie dépensée à étudier ce qui semble être des chimères et le peu d'intérêt que semble susciter les violences faites aux femmes.
Pour ce qui est de « l'animalité qui est en nous » (hum...), il en est effectivement question mais ce n'est pas en Pessi ou Ange qu'elle s'incarne. L'animal vit au premier étage. Lui, sans la moindre équivoque, incarne le porc tel qu'on le balance avec raison de nos jours. Et, aux yeux de ce dernier, Palomita incarne également la condition animale.
Des contrastes et des oppositions, donc. (10)
Bref, toutes les perches tendues ont fonctionné.
Si tous les auteurs féministes sont lus de cette manière, je comprends mieux pourquoi cette cause n'avance pas.
(1) Pour ce que ça veut dire... Étroitement liés au sexe, on trouve donc ce fameux sentiment amoureux (?) et la reproduction. Mais, à mon sens, il s'agit de trois sujets aussi distincts qu'indissociables. Trois sujets qui n'ont absolument rien à voir entre eux, si ce n'est d'être étroitement liés et d'une importance équivalente. Malheureusement, cette promiscuité, et bien souvent la difficulté d'en parler avec franchise et sincérité, font qu'une effarante majorité de personnes mélange le tout joyeusement et y ajoute hardiment de nombreuses convictions aussi personnelles qu'erronées.
Visiblement, le genre humain s'éteindra bien avant de parvenir à se comprendre lui-même. Les conditions effroyables de la femme et des homosexuels (à qui l'on refuse le statut d'être humain, pour résumer) ont encore, à mon grand désarroi, du pain sur la planche.
(2) Certains ont aimé le côté « documentaire animalier », d'autres y ont vu d'autres choses... diverses et variées.
(3) « Pour lecteurs avertis », trouve-t-on dans l'une des critiques que j'ai pu lire. Plus loin, sur le même site, une autre annonçait « Un roman pour tout âge, pour les passionnés des splendeurs polaires ou pour les non-initiés qui veulent s'immiscer dans l'univers du Grand Nord à la recherche des Vikings et des Trolls ».
(4) « [...] je n'ai pas envie de lire de livres sur les "gentils pédophiles" ».
(5) « C'est un roman très prenant, rendant hommage à la douceur de la fourrure du petit troll, à ses yeux qui brillent dans la nuit, à ses griffes terribles et à son instinct que rien n'arrête ».
(6) « [...] puis finit par tomber amoureux [de la créature], alors que, par ailleurs, son cœur — ou plutôt son cul, pour être plus précis — balance entre [...] ». Certains qualifiant donc Ange, le personnage principal, de pédophile, d'autres de zoophile. En aurait-il été de même si Ange n'avait pas été homosexuel ou avait été une femme, quels que soient le sexe et le nombre de ses partenaires et quelles que soient les orientations sexuelles de tout ce beau monde ? Je n'affirme rien, je me pose simplement la question.
(7) Voir la note (6). (Ah, ah, ah, je vous ai eus !)
(8) Relisez attentivement la page 303 et les suivantes. De cela, il est question tout au long du roman. Qu'est-ce qui a bien pu autant vous choquer ? L'éjaculation incontrôlée d'Ange ? Il est pourtant clair que cela arrive malgré lui et que cela le laisse tout aussi profondément perturbé que par son comportement général lorsqu'il est en présence de l'animal.
(9) Yrjö Kokko, Bruce Chatwin et Selma Lagerlöf semblent être de vrais auteurs et les titres des ouvrages dont sont issus les extraits semblent exister. Néanmoins, un terrible doute m'assaille : ai-je raison ou bien suis-je enfin prêt à m'autoproclamer philosophe et penseur ?
(10) Allez zou, une dernière, pour la route : page 170, l'intervention du professeur Soikkeli qui, bien que le prénom soit différent, semble être cette personne. N'oubliez pas de relire la page 170...
Si j'ai trouvé le ton de l'autrice moins féroce que pour Avec joie et docilité, on retrouve ici le regard ironique et sévère qu'elle pose sur notre société. Johanna Sinisalo observe méticuleusement ses semblables et s'amuse à les confronter vigoureusement à leurs contradictions. Le sujet « dérangeant » de Jamais avant le coucher du soleil s'y prête à merveille et il m'a semblé retrouver cet usage des contrastes et des oppositions, cet angle de vue décalé afin de mieux voir, l'humour grinçant et cette absence de « politiquement correct ».
La cerise sur le gâteau étant que cette malicieuse autrice semble bel et bien parvenue à provoquer la même chose chez ses lecteurs (des contradictions). En effet, bien que ce roman ait eu une plutôt bonne réception de la part de ces derniers, j'ai l'étrange sentiment qu'il fait partie de ces livres trop vite lus voire mal lus.
Les interprétations sont des plus diverses et variées (2), contradictoire parfois, (3) les réactions curieuses (4) et les avis (5) et autres commentaires en aparté décapants. (6) Mais tous ou presque ont bien aimé... alors que le bouquin semble totalement différent pour chaque lecteur. Une énigme.
Alors... Au risque de me tromper, pour la pédophilie et la zoophilie, (7) je ne pense pas. Pessi est un troll, un animal. La plupart du temps, il se comporte comme un chat. Aucun doute possible sur sa nature. Par ailleurs, l'attirance sexuelle qu'éprouve Ange pour Pessi est expliquée dans le roman (par le biologiste), tout du moins une explication rationnelle est avancée. (8)
Toujours au risque de me tromper, j'ai également vu, dans les extraits de la documentation que lit Ange pour parvenir à maintenir Pessi en vie après l'avoir secouru, des textes réels. Certes, j'étais tout d'abord persuadé qu'il s'agissait de textes fictifs, puis les dates m'ont fait douter. Une petite recherche m'a appris que certains des auteurs et titres d'ouvrages mentionnés existaient réellement. (9) Après coup, j'y vois encore une opposition entre l'énergie dépensée à étudier ce qui semble être des chimères et le peu d'intérêt que semble susciter les violences faites aux femmes.
Pour ce qui est de « l'animalité qui est en nous » (hum...), il en est effectivement question mais ce n'est pas en Pessi ou Ange qu'elle s'incarne. L'animal vit au premier étage. Lui, sans la moindre équivoque, incarne le porc tel qu'on le balance avec raison de nos jours. Et, aux yeux de ce dernier, Palomita incarne également la condition animale.
Des contrastes et des oppositions, donc. (10)
Bref, toutes les perches tendues ont fonctionné.
Si tous les auteurs féministes sont lus de cette manière, je comprends mieux pourquoi cette cause n'avance pas.
(1) Pour ce que ça veut dire... Étroitement liés au sexe, on trouve donc ce fameux sentiment amoureux (?) et la reproduction. Mais, à mon sens, il s'agit de trois sujets aussi distincts qu'indissociables. Trois sujets qui n'ont absolument rien à voir entre eux, si ce n'est d'être étroitement liés et d'une importance équivalente. Malheureusement, cette promiscuité, et bien souvent la difficulté d'en parler avec franchise et sincérité, font qu'une effarante majorité de personnes mélange le tout joyeusement et y ajoute hardiment de nombreuses convictions aussi personnelles qu'erronées.
Visiblement, le genre humain s'éteindra bien avant de parvenir à se comprendre lui-même. Les conditions effroyables de la femme et des homosexuels (à qui l'on refuse le statut d'être humain, pour résumer) ont encore, à mon grand désarroi, du pain sur la planche.
(2) Certains ont aimé le côté « documentaire animalier », d'autres y ont vu d'autres choses... diverses et variées.
(3) « Pour lecteurs avertis », trouve-t-on dans l'une des critiques que j'ai pu lire. Plus loin, sur le même site, une autre annonçait « Un roman pour tout âge, pour les passionnés des splendeurs polaires ou pour les non-initiés qui veulent s'immiscer dans l'univers du Grand Nord à la recherche des Vikings et des Trolls ».
(4) « [...] je n'ai pas envie de lire de livres sur les "gentils pédophiles" ».
(5) « C'est un roman très prenant, rendant hommage à la douceur de la fourrure du petit troll, à ses yeux qui brillent dans la nuit, à ses griffes terribles et à son instinct que rien n'arrête ».
(6) « [...] puis finit par tomber amoureux [de la créature], alors que, par ailleurs, son cœur — ou plutôt son cul, pour être plus précis — balance entre [...] ». Certains qualifiant donc Ange, le personnage principal, de pédophile, d'autres de zoophile. En aurait-il été de même si Ange n'avait pas été homosexuel ou avait été une femme, quels que soient le sexe et le nombre de ses partenaires et quelles que soient les orientations sexuelles de tout ce beau monde ? Je n'affirme rien, je me pose simplement la question.
(7) Voir la note (6). (Ah, ah, ah, je vous ai eus !)
(8) Relisez attentivement la page 303 et les suivantes. De cela, il est question tout au long du roman. Qu'est-ce qui a bien pu autant vous choquer ? L'éjaculation incontrôlée d'Ange ? Il est pourtant clair que cela arrive malgré lui et que cela le laisse tout aussi profondément perturbé que par son comportement général lorsqu'il est en présence de l'animal.
(9) Yrjö Kokko, Bruce Chatwin et Selma Lagerlöf semblent être de vrais auteurs et les titres des ouvrages dont sont issus les extraits semblent exister. Néanmoins, un terrible doute m'assaille : ai-je raison ou bien suis-je enfin prêt à m'autoproclamer philosophe et penseur ?
(10) Allez zou, une dernière, pour la route : page 170, l'intervention du professeur Soikkeli qui, bien que le prénom soit différent, semble être cette personne. N'oubliez pas de relire la page 170...
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