Pouvoirs des algorithmes, ambitions des plateformes
(2017)
éd. C&F éditions
Il fallait un amoureux du web et des médias sociaux pour décrypter les enjeux culturels, relationnels et démocratiques de nos usages numériques. Olivier Ertzscheid met en lumière les effets d'échelle, l'émergence de géants aux appétits insatiables. En concentrant toutes nos activités numériques sur quelques plateformes, nous avons fait naître des acteurs mondiaux qui s'épanouissent sans contrôle. Nos échanges, nos relations, notre sociabilité vont nourrir des algorithmes pour classer, organiser et finalement décider pour nous de ce qu'il faut voir.
Quelle loyauté attendre des algorithmes qui se nourrissent de nos traces pour mieux alimenter l'influence publicitaire ou politique ? Comment construire des médias sociaux et un accès indépendant à l'information qui ne seraient pas soumis aux ambitions des grands acteurs économiques du web ?
Pourquoi n'y a-t-il pas de bouton « sauver le monde » ?
S'il ne relève pas de la science-fiction et n'est pas un roman, ce livre n'en est pas moins captivant et haletant.
Ici, l'auteur (1) compile un peu moins d'une soixantaine des billets qu'il publie régulièrement sur son blog, (2) qu'il tient depuis 2005.
Choisis et agencés de manière à suivre la thématique principale du sous-titre de l'ouvrage, les billets abordent de très nombreux sujets, analysent et décortiquent méthodiquement les usages du web ainsi que les attentes et enjeux (3) qui y sont tapis.
Loin d'être aride malgré son sujet, ce coup de microscope sur les pratiques virtuelles est des plus éclairants et donne énormément de matière à réflexion. Et, qui sait ? il pourrait inciter certains lecteurs à se poser des questions lors des trois secondes qui précèdent leurs clics.
Bien que l'univers décrit par Olivier Ertzscheid soit largement propice à un état d'esprit dominé par l'agacement et surtout l'inquiétude, (4) l'enthousiasme de l'auteur pour ce fabuleux outil qu'est internet est évident. En contrepoint de l'ambiance générale de ce recueil, son humour et ses choix d'exemples parfois hilarants sont les bienvenus.
Quant à la dimension science-fictive, elle n'est pas aussi absente de L'Appétit des géants que je pouvais le laisser penser quelques lignes plus haut. Pour preuve, ce bout d'avant-propos de l'auteur, que je ne résiste pas à vous donner : « Mais je crois, comme l'écrivait Frederik Pohl, grand auteur de science-fiction, "qu'une bonne histoire de science-fiction ne prédit pas l'automobile mais l'embouteillage". C'est l'histoire de ces embouteillages possibles que je veux ici tenter de raconter [...]. À l'aide d'un peu de science. Mais sans aucune fiction ».
À lire et relire.
Il fallait un amoureux du web et des médias sociaux pour décrypter les enjeux culturels, relationnels et démocratiques de nos usages numériques. Olivier Ertzscheid met en lumière les effets d'échelle, l'émergence de géants aux appétits insatiables. En concentrant toutes nos activités numériques sur quelques plateformes, nous avons fait naître des acteurs mondiaux qui s'épanouissent sans contrôle. Nos échanges, nos relations, notre sociabilité vont nourrir des algorithmes pour classer, organiser et finalement décider pour nous de ce qu'il faut voir.
Quelle loyauté attendre des algorithmes qui se nourrissent de nos traces pour mieux alimenter l'influence publicitaire ou politique ? Comment construire des médias sociaux et un accès indépendant à l'information qui ne seraient pas soumis aux ambitions des grands acteurs économiques du web ?
Pourquoi n'y a-t-il pas de bouton « sauver le monde » ?
S'il ne relève pas de la science-fiction et n'est pas un roman, ce livre n'en est pas moins captivant et haletant.
Ici, l'auteur (1) compile un peu moins d'une soixantaine des billets qu'il publie régulièrement sur son blog, (2) qu'il tient depuis 2005.
Choisis et agencés de manière à suivre la thématique principale du sous-titre de l'ouvrage, les billets abordent de très nombreux sujets, analysent et décortiquent méthodiquement les usages du web ainsi que les attentes et enjeux (3) qui y sont tapis.
Loin d'être aride malgré son sujet, ce coup de microscope sur les pratiques virtuelles est des plus éclairants et donne énormément de matière à réflexion. Et, qui sait ? il pourrait inciter certains lecteurs à se poser des questions lors des trois secondes qui précèdent leurs clics.
Bien que l'univers décrit par Olivier Ertzscheid soit largement propice à un état d'esprit dominé par l'agacement et surtout l'inquiétude, (4) l'enthousiasme de l'auteur pour ce fabuleux outil qu'est internet est évident. En contrepoint de l'ambiance générale de ce recueil, son humour et ses choix d'exemples parfois hilarants sont les bienvenus.
Quant à la dimension science-fictive, elle n'est pas aussi absente de L'Appétit des géants que je pouvais le laisser penser quelques lignes plus haut. Pour preuve, ce bout d'avant-propos de l'auteur, que je ne résiste pas à vous donner : « Mais je crois, comme l'écrivait Frederik Pohl, grand auteur de science-fiction, "qu'une bonne histoire de science-fiction ne prédit pas l'automobile mais l'embouteillage". C'est l'histoire de ces embouteillages possibles que je veux ici tenter de raconter [...]. À l'aide d'un peu de science. Mais sans aucune fiction ».
À lire et relire.
(1) Maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'IUT de La Roche-sur-Yon.
(2) affordance.info
(3) Plus ou moins « ouvertement », les nôtres aussi bien que ceux des personnes qui créent les algorithmes au sein desquels nous nous ébattons joyeusement et quotidiennement.
(4) Des références à des ouvrages de SF apparaissent ici et là, souvent des dystopies, Orwell est bien entendu cité.
(2) affordance.info
(3) Plus ou moins « ouvertement », les nôtres aussi bien que ceux des personnes qui créent les algorithmes au sein desquels nous nous ébattons joyeusement et quotidiennement.
(4) Des références à des ouvrages de SF apparaissent ici et là, souvent des dystopies, Orwell est bien entendu cité.
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