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samedi 23 novembre 2019

Jardins de poussière

Ken Liu : Jardins de poussière
éd. Le Bélial' et 42 (Ellen Herzfeld et Dominique Martel), 2019
trad. Pierre-Paul Durastanti, couv. Aurélien Police

« Les yeux fermés, j'imagine les photons rebondissant entre les particules de poussière. L'imagine leurs chemins sinueux le long du dédale de surfaces vives, les pièges, les impasses, les cul-de-sac, les chausse-trappes. J'imagine Cigale qui accomplit sa rotation sous les étoiles, modifiant l'angle des rayons du soleil sur les panneaux. J'imagine les couleurs, changeantes, chatoyantes. Une nouvelle façon de voir... »
Né en 1976 à Lanzhou, en Chine, avant d'émigrer aux États-Unis à l'âge de onze ans, Ken Liu est titulaire d'un doctorat en droit (Harvard). On doit à ses activités de traducteur l'éclosion de la science-fiction chinoise aux yeux du monde. En tant qu'auteur, il dynamite la littérature de genres américaine – depuis une quinzaine d'années collectionnant distinctions et prix littéraires, dont le Hugo, le Nebula et le World Fantasy pour la seule « Ménagerie de papier », ce qui demeure unique à ce jour. Le recueil éponyme, paru aux éditions du Bélial', est par ailleurs lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire, tandis que le court roman L'Homme qui mit fin à l'Histoire a achevé de le révéler au grand public. Jardins de poussière est son deuxième recueil à voir le jour en français. Sans équivalent en langue anglaise, réunissant vingt-cinq récits pour l'essentiel inédits, il célèbre un talent majeur et singulier à son sommet – un phénomène.
« Une nouvelle façon de voir » pourrait être une manière de décrire l'écriture de Ken Liu. Si elle n'est pas exactement « nouvelle » pour des lecteurs aguerris ayant l'habitude de lire de la science-fiction, elle est à coup sûr l'une de celles qui parviennent à transporter ceux-ci aussi loin en eux-mêmes qu'il est possible de le faire, proposant une multitude d'expériences de pensée toutes aussi fascinantes les unes que les autres.
S'il m'a semblé que les thèmes favoris de l'auteur restaient inchangés, (1) ce second recueil offre un large éventail d'idées brillantes et de réflexions profondes qui viennent compléter et enrichir celles déjà disponibles en français.
Ken Liu n'a de cesse de s'interroger, abordant énormément de sujets et n'hésitant jamais à les recouper. Ainsi, au fil des textes, les réflexions se croisent, « discutent » entre elles, se répondent, s'entraident. Ken Liu semblent considérer les textes comme il considère les humains, avec respect et bienveillance, dignes d'être écoutés. Tout du moins, ceux qu'il estime authentiques, (2) si j'ai bien compris.
L'architecture de ce second recueil, que l'on doit aux propres interrogations d'Ellen Herzfeld et Dominique Martel, au regard qu'ils posent sur ces textes, tout comme dans La Ménagerie de papier, permet de profiter pleinement du « propos général » de l'auteur, de savourer dans le moindre détail ce qu'il cherche à transmettre. Si chacun trouvera ce qu'il veut bien trouver ici en fonction de ses propres idées, et si Ken Liu n'impose jamais son point de vue, il ne se prive pas pour autant de le donner d'une manière qui m'apparaît aussi limpide qu'humaniste sur de très nombreux sujets qu'il qualifie lui-même d'obsessions.
Cependant, il ne perd jamais de vue qu'il a besoin de la participation des lecteurs pour partager ces réflexions, et il les invite aimablement « à collaborer avec [lui] sur [son travail], à combler les vides, à texturer l'ébauche », remerciant tout aussi aimablement ceux d'entre eux « qui acceptent de se tenir près de [lui] pour, ensemble, tirer du néant de nouveaux mondes ».
Merci pour le partage, Monsieur Liu. 
Si j'ai bien entendu des préférences pour certains textes, (3) la conclusion du billet présentant son premier recueil demeure inchangée : « Sans la moindre fausse note, Jardins de poussière confirme l'immense talent d'un auteur et, comme beaucoup d'autres lecteurs, je vais surveiller attentivement la moindre publication de ses écrits chez nous, dans l'attente d'un autre miracle : la parution d'un troisième recueil. »
Il ne me reste plus qu'à revêtir mon armure de patience et attendre le recueil suivant.

(1) La difficulté qu'éprouvent les humains à comprendre l'univers qui les entoure et à communiquer, prisonniers qu'ils sont de leurs outils de communication limités, privilégiant leurs certitudes au détriment de leurs doutes et questionnements.
(2) « Se soucier de son prochain, voilà ce qui nous rend authentiques. » (page 400)
(3) Dire lesquels n'aurait pas de sens à mes yeux, l'ensemble des textes participant à la qualité et la pertinence de chacun d'entre eux. Si les humains, pour la grande majorité qui ne le fait pas, pouvaient se comporter comme le font ces textes, à coup-sûr, l'univers serait « un peu plus doux, un peu plus chaud, un peu plus brillant ». Et ce, jusqu'à la toute fin.

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