éd. Denoël Lunes d'encre, 2009
couv. de Daylon
couv. de Daylon
2320, ouest de la Chine. Les élèves de la très chic pension des Conglin s'ennuient dans leur prison dorée. Marquis, le plus enragé d'entre eux, se révolte brusquement : il invente, ou plutôt réinvente, une musique pleine de colère qui va fédérer tous les élèves contre les surveillants. Fuyant la répression qui s'abat sur les Conglin, Marquis se réfugie dans les sous-sols de Shanghai où l'attendent l'amour et la guerre.
Le Rock s'est brûlé les ailes à la fin des sixties ; le Punk s'est dilué dans l'héroïne avant d'avoir pu faire la peau de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher... Est-ce que la musique de Marquis sera assez puissante pour renverser la dictature qui écrase Shanghai ?
Celui-ci, j'ai hésité un long moment avant de vous en parler. Mais, au final, il n'en reste pas moins une expérience de lecture marquante, une... putain de claque dans la gueule. Ce n'est pas tant le fond, mais bel et bien la forme qui ébouriffe le lecteur, quand bien même il aurait été averti par de précédentes lectures du même auteur.
L'histoire se dévoile peu à peu à travers les témoignages des protagonistes, une suite de monologues directement retranscrits de l'oral, comme ce que l'on peut voir dans certains documentaires et certaines publicités. Dufour, à travers cet amoncellement de dialogues tronqués et unilatéraux, réussit le tour de force de donner une profondeur réelle à ses personnages, à donner une humanité touchante à des figures qui feraient normalement pâlir bon nombre de bien-pensants, voire même une quantité non négligeable de personnes moins coincées qu'eux. Si elle place cette histoire dans le même avenir éloigné et très sombre que celui dans lequel se situait son roman précédent, Le Goût de l'immortalité, le point de vue en est radicalement différent. Ici, c'est de misère dont il s'agit. Une misère assénée à coups de mots crus, violents, sans la moindre pudeur ou le moindre remord.
Ce que j'ignorais : « La forme, parlons-en tout d’abord : ce roman est inspiré de Please Kill Me, de Legs McNeil, qui raconte l’histoire du punk américain par ceux qui l’ont vécu à ses plus belles heures. Un ouvrage entièrement constitué d’entretiens découpés en petits bouts, qui sont ensuite réordonnés chronologiquement afin de tresser une frise temporelle du développement du punk. Catherine Dufour adopte ici la même structure ; exit les descriptions, place à un mix hétéroclite de déclarations outrancières, de sentences définitives, de tranches de vie tragiques, drôlatiques, salaces... » (1)
(1) Bruno Para, pour la nooSFere.
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