Clay's Ark (1984)
éd. Presses de la cité Futurama, 1985
trad. de Odile Ricklin, couv. de Raymond Hermange
trad. de Odile Ricklin, couv. de Raymond Hermange
Non, il n'était pas un animal. Pas plus qu'il n'était un violeur. Pourtant, s'il franchissait cette fenêtre, il violerait la femme ; il n'était pas un meurtrier, mais la toucher équivalait à une menace de mort. Ce cauchemar, il l'avait déjà vu devenir réalité... Alors, il avait voulu mourir. Il avait appelé la mort. Mais il n'avait pas pu se supprimer délibérément. La force de survie qui l'habitait avait submergé sa volonté consciente, balayé son sentiment de culpabilité, son sens du devoir envers une communauté qui avait été sienne : l'humanité.
Qu'est-il arrivé à Eli parmi les étoiles, qui a fait de lui un être plus tout à fait humain ?... Que veut du docteur Blake et de ses deux filles cette étrange communauté isolée au milieu des montagnes ? Quel mal habite ces gens trop maigres, aux mains tremblantes, aux sens anormalement aiguisés ?... Jusqu'où est-on encore un homme ?
Une question posée à un demain trop proche, trop vrai pour ne pas donner le frisson.
Une fois de plus, Octavia Butler place le lecteur devant ses propres doutes, devant des questions qui dérangent. Une fois de plus, l'humanité est mise en danger. Mais, cette fois, l'auteur inverse le problème et ne trouve pas de voie de salut à l'être humain tel qu'on le connaît.
Mené tambour battant, ce court roman coup-de-poing, nous laisse entrevoir une fin inéluctable. Mais s'agit-il bien de cela ? La question est belle et bien posée : « jusqu'où est-on encore un homme ? » Ou bien, formulée autrement : être réellement différent peut-il annuler le fait d'être humain ? Et dans quelle proportion ? Sur l'étalon de quelle improbable conscience ?
Octavia Butler dérange encore en poussant la réflexion au-delà de la bonne vieille loyauté humaine que l'on a plus souvent l'habitude de lire dans les romans de science-fiction.
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